« Ici, on entend battre le cœur de l’Eglise » : les impressions de deux curés français sur le synode

<p>Les 200 curés présents à Rome durant quelques jours rencontreront le pape François le 2 mai.</p>

Les 200 curés présents à Rome durant quelques jours rencontreront le pape François le 2 mai.

- Synod.va

C’était une des recommandations formulées à la fin de la première session du synode sur l’avenir de l’Eglise : le synode doit se mettre à l’écoute des curés pour poursuivre sa réflexion. Un point sur lequel le Vatican travaillerait tout particulièrement puisque plus de 200 prêtres ayant la charge d’une paroisse sont  réunis au Vatican jusqu’au 2 mai. Parmi ces curés venus du monde entier, on trouve quatre français, dont le père Julien Dupont : « Le premier objectif de ce rassemblement est tout d’abord de pouvoir faire entendre les remontés de terrain des curés de paroisse, explique ce prêtre du diocèse de Poitiers. Nous devons apporter notre contribution en vue de l’instrumentum laboris [Ndlr : document officiel d’orientation des travaux de la future assemblée synodale] qui servira aux évêques lors de la seconde session du Synode au mois d’octobre 2024. » Le rapport final de la première session, en octobre 2023, avait souligné ce besoin : « Une Église synodale ne peut se passer de leurs voix, de leurs expériences et de leurs contributions ».

Répartis en « groupes de langue » pour faciliter la communication, les curés n’auront pas le temps de faire de tourisme dans la ville éternelle. Un travail basé sur les trois grands axes définis par le rapport de la première session du Synode est au programme : « le visage de l’Eglise synodale » ; « Tous disciples tous missionnaires » et « Tisser des liens, construire une communauté ». « Chaque groupe est tenu d’envoyer un compte rendu de ses discussions en fin de journée », explique l’Abbé François Dedieu, prêtre du diocèse de Nanterre, également présent à Rome. « Nous avons de nombreux créneaux de parole libre, poursuit le père Dupont, A cette occasion, nous avons pu échanger sur de nombreux sujets comme le burn-out des prêtres, la place des femmes dans l’Eglise, les abus de pouvoir… Des sujets qui ont pour la plupart été évoqués durant le synode ! »

Différences de culture

Chaque curé est donc tenu de partager ses expériences locales. « Je ne suis pas venu avec des messages à faire passer, souligne l’abbé Dedieu. Je suis venu avec mon expérience ! » L’objectif du Saint-Siège est véritablement de recueillir des bonnes pratiques synodales venues du « terrain ». « Dans la gouvernance de ma paroisse, je m’appuie sur une équipe d’animation pastorale composée en majorité de laïcs, donne comme exemple le prêtre du diocèse de Nanterre. Nous y prenons des décisions qui relèvent de l’exécutif. Je pense que c’est une belle expérience de synodalité que je pourrai partager ! »

« Ce que j’apprécie, c'est aussi de trouver des situations analogues dans des lieux fort variés, dans le monde, note le père Dupont. Certains curés reconnaissent que dans leur paroisse, ils sont encore un peu « tout-puissants », alors que d’autres témoignent que les choix posés dans leur paroisse ne sont pas toujours ceux des pasteurs ! » « Les différentes cultures imprègnent fortement les façons de diriger une paroisse, note l’abbé Dedieu, dont le groupe est composé de dix nationalités différentes.  Pour autant, les participants se réjouissent d’une volonté universelle « d’avancer dans le même sens ». « Ici, on entend battre le cœur de l’Eglise, c’est toujours une expérience utile et heureuse », se réjouit le père Dupont.

Le synode, une révolution ?

Sur la question du Synode, de nombreux curés témoignent que le sujet n’avait pas passionné les fidèles... Parmi les participants à ce rassemblement, les avis sur les suites à donner à ce processus semblent partagés : « Certains ont de très grandes attentes, ils considèrent qu’il est temps que les choses bougent. Un confrère disait à table qu’il était peut-être temps qu’il y ait un concile, rapporte le père Dupont. D’autres sont très perplexes sur la démarche craignant que ce soit une montagne qui accouche d’une souris et se demandent pourquoi tant d’efforts ! » « Il ne faut pas s’attendre à une « révolution synodale », tempère de son côté l’abbé Dedieu. Mieux vaut voir cela comme quelque chose qui se prolonge et se déploie dans le prolongement du concile Vatican II. »

A l’issue des denses journées de discussion et de partage d’expérience, les 200 curés présents à Rome rencontreront le pape François le 2 mai. Ce moment devrait avant tout s’apparenter à un temps d’échange entre pasteurs plus qu’à un bilan des discussions. Chacun retournera ensuite à sa paroisse et à l’application concrète des bonnes pratiques partagées durant cette parenthèse romaine.